Elena Fouvry, de France à La Corée du Sud

Le 22.04.16
Elena Fouvry
5 왕궁아파트
Ichon-dong
Seoul
Corée du Sud,

       Mon petit frère,

Je sais que tu m’en veux de t’avoir quitté et que j’ai été lâche et égoïste mais je ne pouvais guère supporter plus longtemps les persécutions qui m’étaient adressées au lycée. Je me suis fait insulter, battre par des filles de ma classe puis par les garçons. Je n’ai jamais connu la raison de tout ceci, j’avais donc changé de lycée mais tous ces problèmes me suivaient où que j’aille. Le fait d’être toujours sur mes gardes, d’avoir peur que l’on me fasse encore du mal, je n’en pouvais plus, c’est donc pourquoi au lieu de faire une bêtise qui me pèserait sur la conscience ou qui vous ferez du mal à toi et à maman, j’ai préférée fuir le pays… Sans vus en faire part n’était peut-être pas la bonne solution mais c’est ce que j’ai jugé de mieux au moment de mon départ, il y a six mois.

Comme tu as pu le voir, je t’écris depuis Séoul, en Corée du Sud, où je me sens à ma place. J’ai parcouru plusieurs pays avant, notamment le Brésil et l’Australie mais quand je me suis arrêtée à Séoul pour une escale, il y a deux mois de cela, je suis restée. Au début ce ne fut pas facile, en particulier avec la barrière de la langue et puis le fait que je sois française avait l’air de poser problème, surtout au lycée à cause des stéréotypes comme quoi les français sont arrogants, flemmards, antisociaux… je me suis sentie comme Dré Parker dans le film Karaté Kid, avec Jaden Smith et Jackie Chan, quand Dré arrive à Pékin et que l’on ne l’accepte pas vraiment. Je suis également en attente de papiers pour pouvoir exercer une activité professionnelle, pour l’instant j’ai mes papiers étudiant me permettant de continuer mes études.
Tout a commencé à s’arranger quand j’ai fait la connaissance de Man Min Mi. C’est une fille de ma classe qui par chance parle un peu français, elle m’a avoué qu’elle n’osait pas me parler jusqu’à maintenant, pensant que je la repousserais. Elle et son meilleur ami, Heo Jeon Jae, m’ont vite mise à l’aise, ils m’ont fait visiter la ville en long et en large, puis pour finir une super journée, nous sommes allés au karaoké (la base de la vie asiatique ha ha). Puis Man Min Mi m’a fait une proposition incroyable, elle m’héberge chez elle et m’apprend le coréen, en échange je rends des services au quotidien de la maison comme les taches ménagères puis j’aide Man Min Mi à améliorer son français et je donne des cours à sa sœur, Man Jan Di. Je pense que je ne pourrais jamais assez remercier toutes ces personnes pour ce qu’elles ont fait pour moi, ils ont une très grande preuve d’altruisme.

Tout d’abord, qu’est-ce que l’altruisme ? L’altruisme est la disposition à s’intéresser et/ou à se dévouer à autrui. Nous ne devrions pas nous poser la question de ce qu’est l’altruisme puisque ce la devrait être un réflexe pour chacun. Être altruiste envers quelqu’un doit se montrer en ne prenant pas en comptes ses différences et accepter la personne telle qu’elle est. Après tout, nous sommes tous des être humains de chair et de sang. Certes les différences sont parmi nous, mais ce sont ces différences qui forgent l’Humanité et toute personne sinon nous serions comme des clones avec des vies monotones.

La différence de culture amène à la curiosité, ainsi qu’à la découverte de nouvelles choses. Quand nous partons dans un pays totalement contraire à notre pays natal, on apprend à connaître cette autre façon de vivre, comme nous le montre Tom Cruise dans le film d’Edward Zwick datant de 2003, Le Dernier Samouraï, se passant au Japon en 1876. L’acteur prend l’identité d’un vétéran des guerres indiennes qui après s’être fait capturer par les samouraïs, est fasciné par leur état d’esprit et les valeurs qu’ils y apportent. Ce film enseigne l’altruisme et également de façon indirecte, qu’il ne faut pas avoir de préjugés sur les différentes manières de vivre et cultures lorsqu’on ne les connaît pas.

Être altruiste, c’est accepter tout type de différences, notamment les différences raciales. La différence raciale est l’un des problèmes les plus importants dans le monde. Chaque personne se doit d’accepter toute autre personne même si elle a une peau de couleur différente de la sienne, nous avons tous un cœur, des bras, des jambes, des poumons… donc une couleur de peau ne nous donne pas le droit de juger cette personne inférieure ou supérieure. Cependant nous pouvons observer un léger progrès face à cela, en particulier aux États-Unis, qui étaient l’un des plus grands pays esclavagistes (la traite négrière), a vu son 44ème président avec la peau de couleur noire, Barack Obama (2009-2017). Ceci pourra servir d’exemple et donner espoir aux citoyens de couleur.

Pour rester dans un contexte en lien au cas précédent, les différences physiques sont toutes aussi importantes. Il est vrai que lorsque l’on voit une personne pour la première fois, on la juge tout de suite par rapport à son physique. Le roman de R.J Palacio, Wonder, de 2012 en est un témoignage direct. Ce roman parle de l’histoire d’un petit garçon, August, né avec le syndrome de Treacher Collins (malformation du visage) et de son intégration à l’école après des années de scolarité à domicile, il fait face à des enfants qui n’ont jamais vu une telle maladie. L’altruisme ici est perçu sous un autre angle de vu, celui des enfants. Il est vrai qu’un enfant n’a pas les mêmes notions qu’une personne adulte et qu’il peut être bien plus flagrant.

Afin de conclure, nous pouvons dire qu’avoir des différences est une chance, puisque cela nous apprend toutes les choses qui peuvent nous arriver, qu’on peut découvrir et exploiter pour son propre bien et celui d’autrui. Il n’existe aucune personne « normale », il y aura toujours quelque chez une personne qui sera contradictoire à ce que pense une autre, que ce soit son style vestimentaire, son apparence, ses passions… C’est pour cela que l’on dit que toute personne est unique, car ce sont ces formes d’altérité qui y contribuent. Et le plus important, ce n’est les préjugés ou les « normes » que l’on devrait appliquer pour certaines personnes, le plus important c’est être soi-même, être heureux, être fier de ses différences et accepter celles des autres. Être Altruiste.

Ta sœur qui t’aime. Pour toujours et à jamais.
Elena

P.S : Je ne regrette pas ce que j’ai fait, c’est ce qu’il y avait de mieux pour moi malgré la peine que je vous ai causée… J’espère que vous me comprenez et surtout que vous me pardonneriez.

Emma C., 1L1