Eung-Jung, de la Corée du Nord à la France

03.01.2015,

Chère maman,

Je t’écris cette lettre afin de te dire que je vais bien, voilà deux mois que suis partie en mer afin d’atteindre l’Europe, plus précisément la France.
Chaque jour je pense à vous restés là-bas, et chaque jour la peur qu’ils vous arrivent malheur me hante, car la vie en Corée du Nord n’est absolument pas la même qu’ici.
Je ne pouvais pas refuser cette occasion qui m’a été présentée de pouvoir enfin fuir toutes ces persécutions et les discriminations à l’égard de la Chrétienté. Je ne me voyais pas continuer à vivre ainsi, ni à envisager un avenir tel que celui-ci pour ma future descendance. Je t’avouerai que vous quitter, papa, toi, et les autres, ainsi que notre quotidien bien qu’il ne soit pas génial et parfois même monstrueux, m’a fendu le cœur.
Au début je suis arrivée dans une petite ville nommée Gap dans le Sud-Est de la France, mais j’en suis partie car les habitants n’y été pas très joviaux et le cadre ne me mettait pas, mais alors pas du tout à l’aise, et je t’avouerai que je n’y ai trouvé aucun toit sous lequel m’abriter et aucun moyen de me ravitailler l’estomac.
Après deux-trois jours passés à Gap, j’ai pris les quelques affaires que j’avais cachées sous un pont et m’en allai faire du « stop » comme le disent les Français. Au départ je suis partie confiante, me disant que quelqu’un allait sûrement me prendre, ne serait-ce que par pitié, mais j’ai découvert vite que cela n’était pas le cas. Je commençai donc à perdre tout espoir d’atteindre un jour Paris. De plus la neige commençait à tomber, et avec le peu d’épaisseurs qui me couvraient encore, je me suis tenu chaud comme je le pouvais. Mais au moment où tout espoir s’envolait et où le froid s’emparait du reste d’orteils que j’avais encore, une voiture s’arrêta juste devant moi. Heureusement pour moi je connaissais quelques bases de Français que m’avait appris une amie dont la mère était d’origine Française, quand j’étais enfant.
Le garçon au volant me demanda ou j’allais, et je lui répondis que mon but était d’atteindre la capitale. Il me fit comprendre que cela était impossible en raison de la météo. Mais il proposa de m’emmener près de Colmar, ville se trouvant près de l’Allemagne, rajouta-t-il, car il comptait s’y rendre afin de passer les fêtes de noël avec sa famille.
J’acceptai, premièrement car il m’avait l’air gentil et sans danger, deuxièmement car c’était bien la seule voiture à s’être arrêtée en 4 heures d’attente. Je mis donc mon sac à l’arrière de son pick-up et m’assis sur le siège passager. Nous avons donc passé 6 heures à parler, rigoler et admirer les beaux paysages que possédait la France. Une fois arrivés à Colmar nous avons passé les fêtes de fin d’année avec sa famille, et oui, je suis restée en abandonnant l’idée d’atteindre Paris car, oui maman je suis tombée amoureuse.
Je ne t’écris cette lettre que maintenant car j’ai passé beaucoup de temps avec ma nouvelle famille, de plus mes recherches pour un nouvel emploi m’ont pris énormément de temps.
Les gens sont réfractaires à l’idée de prendre une inconnue sans Curriculum Vitae particulier, à l’essai. Mais heureusement pour moi Jacqueline la mère de mon fiancé m’a trouvé une place dans son petit restaurant le « Granny’S » afin de pouvoir assimiler des connaissances, puis de les marquer sur mon cv. Ce qui m’a effectivement permis par la suite de trouver un emploi dans un restaurant 4 étoiles d’une ville voisine.
J’ai vécu de très belles choses avec des gens extrêmement accueillants, qui m’ont directement mise à l’aise, ces gens sont devenus en quelques sorte ma deuxième famille.
Oh ! Mais j’ai oublié de te parler des spécialités culinaires Française, un délice ! Tout d’abord il y a le fromage qui est mais alors sublime, ensuite nous avons les viennoiseries. Je t’avouerais avoir pris quelques kilos à causes d’elles. En ce qui concerne les spécialités culinaires de Colmar, ville se situant à côté de l’Allemagne, mon petit péché mignon a été le Bretzel, mais ma plus grande découverte a quand même été et restera le Macdonald que nous n’avons pas en Corée du Nord.

Le seul problème à mon arrivée a été l’intégration auprès de gens xénophobes, et le fait de voir temps de personnes rejetées de la société française pour seule raison qu’elles sont de différentes couleurs, religions, cultures, ainsi que de différents sexes ou encore dotés d’un handicap, m’a énormément touchée.
Car, premièrement, les différences devraient être perçues comme un avantage et non un inconvénient car c’est une richesse et elle est bénéfique au savoir que peuvent nous apporter de nouvelles cultures. Dans certains pays les habitants y sont plus accueillants, par exemple en comparaison, en 1492 lors de la découverte de l’Amérique, Les Indiens se sont montrés innocents et sans défense devant Christophe Colomb et son équipage. Ils n’avaient ni armes, ni réelle autre défense face à eux. Cela prouve la volonté des Européens de soumettre tout homme étant « inférieur » à eux pour ainsi imposer leurs croyances, leurs cultes, ou leurs idées dans la tête des Indigènes qui ont pourtant leurs propres croyances et propre culture pouvant également être un avantage pour les Espagnols ou autre pays du monde. De plus, les Européens écoutent de nombreux ouï-dire et rumeurs, ce qui provoque un rejet de l’autre comme la peur du cannibalisme au 16e siècle.
Deuxièmement, en ce qui concerne les migrants, eux aussi peuvent réussir et devenir célèbres dans des pays étrangers. Par exemple, c’est le cas de Ali Jeratly, 26ans, qui est arrivé à Sao Paulo sans connaitre un seul mot de Portugais et qui a pourtant réussi à dialoguer avec un habitant qui par bonté lui a proposé de vivre chez lui. Ce qui lui a permis de suivre un apprentissage de la langue. Il est aujourd’hui traducteur pour des matchs organisés dans le cadre du Mondial 2014. Et donne également des cours de langue dans le but d’aider de nouveaux migrants. Mais ils sont également nombreux à avoir combattu pour la France, pendant les deux premières Guerres Mondiales, pour un drapeau qui n’était pas forcément le leur. Pour remercier tous ces gens, les représentants des 80 pays ayant combattu aux côtés de la France, ont donc été invités à participer à la cérémonie du 14 juillet 2014 par le président de la république. Tout cela pour dire que malgré les différences et le rejet de l’Étranger en France, ceux-ci ont aidé les Français à retrouver une liberté à laquelle ils n’auraient pas pu avoir le droit sans eux.
Troisièmement, Le rejet de l’autre est de plus en plus fréquent, on peut le voir en France mais également dans pleins d’autres pays du monde. Mais je trouve cela bête, car comme Matthieu Ricard a dit dans une interview suite à son livre Plaidoyer pour l’altruisme « Qu’il s’agisse de l’économie, de l’environnement, de notre bien-être et de nos relations aux autres, nous gagnerions tous à reconnaître et à cultiver l’altruisme ». Ce moine bouddhiste a tout à fait raison, ce sujet ferait bien d’être médité chaque jour et par tout le monde car il nous concerne tous. Il approuve également l’idée de la méditation en cours. Et dit aussi « Vous montrez d’ailleurs que les comportements altruistes existent déjà chez les animaux » ainsi que « Reconsidérer notre relation aux animaux serait d’ailleurs une porte vers l’altruisme »
             Alors peut-être est-ce une bonne idée d’instaurer la méditation et la réflexion sur des sujets comme ceci dès le plus jeune âge pour qu’ainsi l’harmonie entre les différences se fasse et perdure.
Je tenais à te dire également que j’ai pris part à de nombreuses associations comme la CNDF ainsi que la FNATH, afin de défendre, dans mon cas les femmes et les handicapés exclus de la société française à cause de leur sexe et différences physiques. Cela m’apporte un épanouissement personnel ainsi que relationnel, car chaque jour je viens en aide à des causes qui me tiennent extrêmement à cœur. Un jour nous réussirons à abattre ces perceptions de différences qu’ont les gens en France ou en Europe !

Je finis cette lettre avec tout mon amour et mon respect pour toi maman, ainsi qu’à papa, et dans l’espoir que vous me rejoindraient un jour proche.

Ta fille qui t’aime, Eun jung.

 Kimberley L., 1L1