Le projet « migrations d’hier et d’aujourd’hui » : un enracinement dans la déclaration universelle des Droits de l’homme
Une équipe d’enseignants et de professeurs documentalistes a élaboré un projet pédagogique au lycée sur le thème des « migrants et migrations d’hier et d’aujourd’hui ». Pour le construire, il nous est apparu nécessaire de prendre appui sur les articles 13 et 14 de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme qui concernent respectivement la « liberté de circuler » et le « droit d’asile ». Ces deux notions rappellent l’importance de ce texte fondateur des Nations-Unies : c’est pourquoi ce projet du lycée Le Likes entre également dans le cadre des actions éducatives intégrées au réseau des Ecoles Unesco.
Pour traiter cette question d’une actualité brûlante il était nécessaire de croiser les regards de plusieurs disciplines, des lettres à l’éducation morale et civique (EMC) en passant par les langues, la géographie et l’éducation aux médias et à l’information (EMI).
Panorama des activités réalisées par les élèves
De septembre 2017 à février 2018 ont eu lieu de nombreuses actions de sensibilisation et d’information des élèves. Citons deux exemples menés au lycée professionnel en février 2018 : un jeu de rôle proposé par le Cicodes de Quimper a donné aux élèves de plusieurs classes du lycée professionnel l’occasion de se « mettre dans la peau et le regard » de l’Autre, celui qui doit quitter son pays et tous ses repères connus. Parallèlement une exposition intitulée « Halte aux préjugés sur les migrants » élaborée par le Réseau RITIMO et exposée au CDI du lycée, a permis aux élèves de mieux connaître les spécificités du statut de migrant, de demandeur d’asile et de réfugié… puis de décoder certaines « idées reçues » qui instrumentalisent les questions liées à l’accueil des migrants pour nourrir les peurs et non la réflexion.
Un temps fort entre février et avril 2018 : donner la parole aux citoyens engagés
Huit classes de première du lycée général et technologique ont étudié des extraits du livre « de rêves et de papiers » de Rozenn Le Berre avec leur professeur de lettres avant de rencontrer l’auteure au mois de mars autour de son expérience de l’accueil des migrants mineurs isolés dans la région lilloise. Plusieurs de ces classes ont pu rencontrer de jeunes migrants et débattre avec des membres d’associations quimpéroises dans le cadre des cours d’EMC ou de lettres. Mickaële Lebret de « Fraternité Quimper » et Marie-Claire Le Page représentante de « 100 pour un toit Cornouaille sont venues témoigner de leur engagement de citoyenne pour apporter aux migrants une aide concrète dans leur vie quotidienne et leurs démarches administratives.
Dans le cadre de l’enseignement d’exploration Littérature et Société dont un des thèmes est « Regards sur l’autre et sur l’ailleurs », des élèves de seconde ont imaginé retracer le parcours de migrants dont ils avaient lu le témoignage. Ce travail d’écriture autour du sentiment de l’exil et des dangers d’un parcours périlleux s’est nourri aussi de deux rencontres très fortes : l’une avec Altin, jeune albanais contraint de fuir son pays pour assurer sa survie et l’autre avec Rozenn Le Berre.
Le 16 mars deux classes de première Sti2d et trois classes de première S ont participé à deux tables rondes sur l’aide aux migrants en situation d’urgence avec André Jincq, représentant de Médecins sans Frontières, Denise Le Bars de la Ligue des droits de l’homme et Yvonne Daoudal, enseignante au collège Saint-Yves. Puis le 30 mars ce sont les élèves de l’équipe du « vendredi Forum » qui ont organisé au CDI du lycée une rencontre avec Valerian Le Cointre, un jeune finistérien qui a témoigné de son expérience de volontaire bénévole en 2016 dans un camp de réfugiés syriens à Cherso, au nord de la Grèce.
Mémoire de l’exil républicain espagnol en Finistère
Invité par les enseignants d’espagnol, M. Jean Sala Pala, de l’association MERE 29 a donné le 5 avril une conférence sur l’exil des républicains espagnols en Finistère, entre 1937 et 1940. Comme il l’a souligné, la France a accueilli alors près de 500 000 migrants chassés par les troupes franquistes. Il a évoqué ensuite les destins de ces réfugiés, parfois résistants de la première heure, qui se sont ensuite très bien intégrés dans la société française.
De son côté la classe de 1ère L a rencontré des membres des communautés turque, sri-lankaise et du Burundi, implantés de longue date à Quimper et venus aussi témoigner de leur parcours d’intégration réussi. Il reste encore à la classe de 1èreL à mettre en scène un dernier jeu de rôles avec les correspondants indiens de Pune en séjour en familles fin avril. Certains vont y jouer les migrants rencontrés dans l’année, d’autres des administrations, des aidants…pour mieux comprendre, nous l’espérons les ressentis des uns et des autres, apprendre encore à mieux vivre ensemble peut être.